... en question
Le fait que la science fonctionne essentiellement comme une entreprise collective et un processus auto-correctif à la fois délocalisé et largement anonyme est important pour se prémunir des égos surdimensionnés qui pourraient miner ses réalisations. Pour prendre un exemple simple et concret, et même si je blogue sur ma vie en tant que scientifique, je suis profondément sceptique sur la tendance croissante qui consiste à transporter le débat scientifique dans l'arène publique des blogs en le détournant ainsi de son lieu naturel, celui de l'édition professionnelle avec examen par les pairs. Le danger est de créer une atmosphère de pression idéologique là où la validité des théories scientifiques est normalement établie par le travail minutieux d'une délicate organisation arbitrale basée sur le volontariat et qui auto-régule le fonctionnement de la science comme collectif. Exposer le débat scientifique dans l'arène de la blogosphère signifie laisser la porte ouverte aux arguments d'autorité et au culte de la personnalité, aux tentatives violentes de s'imposer en étant celui qui crie le plus fort, se montre le plus scandaleux, le plus virulent, c'est montrer peu de respect pour le prudent, silencieux et invisible mais au combien important mécanisme d'autorégulation qui est l'essence même de notre Commune la science.
Les blogs ont un rôle très important à jouer dans le journalisme citoyen comme forum pour un type de discours politique qui est exclu des médias contrôlés par le pouvoir économique. Je pense qu'ils contribuent essentiellement à des formes saines de débat au sein de la société, mais ils ne peuvent pas constituer le meilleur endroit pour le débat scientifique lui-même. Le difficile processus d'auto-correction par lequel la science progresse est un équilibre dynamique trop délicat pour être placé entre les mains de gens dont le but principal est de montrer la taille ... de leur ego. Il serait peut-être préférable de mobiliser les compétences de blogueur des scientifiques pour créer un lieu de discussions riches et animées autour des aspects sociologiques, philosophiques et politiques de la communauté scientifique et de laisser le débat scientifique lui-même dans l'environnement naturel dans lequel il se développe, la commune scientifique et sa puissance organisationnelle diffuse, invisible, collective, fondamentalement anti-autoritaire.
posté par SIDDHARTA DEVI (alias Mathilde Marcolli) le 12 septembre 2009 sur son blog WELCOME TO THE MACHINE
Librement traduit de l'anglais par le blogueur (c'est à dire moi même augmenté par l'outil informatique et réciproquement).
//traduction remaniée le 08/11/14
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